Élet-Stílus

Kourtrajmé – Un collectif du vrai-faux

« Mais c’est quoi, ce truc ? » pourrait-on se demander, avec justesse. Go Fast Connexion, qui se veut le nom d’une méthode quasiment implacable du trafic de drogue entre le Maroc et la France, est un court-métrage docu-fiction réalisé par Ladj Ly. Lui-même appartient au Kourtrajmé (verlan du court-métrage), une société de production française fonctionnant depuis 1994 et en même temps collectif d’artistes œuvrant dans le domaine de l’audiovisuel. La « boîte de prod » a le soutien de célébrités telles que Vincent Cassel ou Matthieu Kassovitz, qui sont parfois têtes d’affiche de certaines de leurs oeuvres. En effet, l’univers du Kourtrajmé n’est pas du tout loin de l’esprit de La Haine de Matthieu Kassovitz, sortie en 1995.

Banlieues délabrées, argot à peine compréhensible, émeutes, policiers, revente de drogues – ce sont les effets les plus captivants et plus choquants du Go Fast qui s’est, pour ainsi dire, aussi inspiré du vidéo-clip réalisé par Romain Gavras pour Stress du Justice, une formation électro qui a récemment explosé la scène musicale française (et que nous avons aussi pu voir au Sziget cet été). Stress, la vidéo bien véridique mais d’autant plus fausse, cherchait déjà à mettre en focus la violence des banlieues, tout en commettant une erreur : ne pas avoir indiqué qu’il s’agissait de scènes montées, laissant dans le doute un bon nombre de spectateurs effarés, et s’exposant ainsi à des accusations violentes.

Go Fast, par contre, ne cache pas à la fin de ses 22 minutes, qu’il s’agit d’un canular… même si, parfois, la fiction est plus vraie que la vérité. Son authenticité n’est que renforcée par la présentation de Charles Villeneuve, l’ancien présentateur du Droit du Savoir, une émission sur les faits et réalités de la France qu’en fait Go Fast voulait directement ridiculiser pour son attitude bien-pensante et pour ses reportages
« bidonnés ».

Ladj Ly, grandi dans la ville du tournage, connaît plus que quiconque la misère du grand ensemble de Clichy Montfermeil, et de tous les autres HLM. Il y avait donc plus d’un seul but pour réaliser le faux-docu. Premièrement, comme il l’explique au Monde : « …dénoncer le traitement des médias sur la banlieue, montrer qu’on pouvait avoir des images chocs, avec les bons plans, l’argent, la drogue et que tout était en fait une mise en scène. » Mais, au-delà de la présentation médiatique de la thématique du désespoir des banlieusards, l’autre motif était bien plus politique, comme Ladj Ly le commente dans une interview au VSD : « On met le doigt sur la banlieue pour dénoncer le fait que rien ne change. On a tourné le documentaire « 365 jours à Clichy Montfermeil » [documentaire de 2005] pendant les émeutes de 2005, mais le plan banlieue est resté au stade des promesses. ‘Go Fast’ s’inscrit dans la continuité de notre travail. »

Vocabulaire :

  • bidonné, -e – manipulált
  • bien-pensant, -e – álszent (fam.)
  • boîte (f) de prod (f) – produkciós iroda/cég (fam.)
  • canular (m) – ugratás
  • collectif (m) – csoport, csoportosulás
  • court-métrage (m) – rövidfilm
  • faux-documentaire (m) – áldokumentumfilm
  • grand ensemble (m) – lakótelep
  • HLM (habitation à loyer modéré) – panelház, szociális lakás
  • internaute (m) – szörfölő (interneten)
  • plan (1) (m) – beállítás
  • plan (2) (m) – terv, projekt
  • pour ainsi dire – úgyszólván
  • scène (f) montée – megrendezett jelenet
  • tête (f) d’affiche (f) – húzónév
  • truc (m) – izé
  • verlan (m) – francia argóképzési módszer a szótagok sorrendjének felcserélésével (etim. : l’envers)

Archívum

Ajánlott videó

Olvasói sztorik